Pour son ultime soirée de la saison 2012-2013, GagaJazz avait invité le Vincent Périer quartet au café Jules.
C’est avec un réel plaisir, que nous attendions ce concert d’un groupe, que nous suivons depuis sa création en 2009.
Nous connaissons les qualités individuelles de chacun des musiciens, musicalité, inspiration, sens du collectif voire génie de certaines interventions de l’un ou l’autre et cohésion sans faille du bloc rythmique que forment le piano, la contrebasse et la batterie au service de la musique du compositeur.
Nous n’avons pas été surpris d’être étonné par le jeu de Rémi Ploton qui surprend à chaque écoute par sa qualité d’inspiration. Son latinisme affleurant ajoute, aux compositions de Vincent Périer, des touches de lumières parfois exotiques mais toujours justes, soulignant comme pour les éclairer des aspects de la musique qui sans lui seraient demeurés dans l’ombre.
Brice Berrerd pour sa part semble avoir trouvé l’instrument qui sied à son jeu virevoltant avec cette contrebasse aux sonorités pures et détachées qui met plus en évidence son jeu virtuose. Qu’il nous enchante avec des chorus plein d’émotion ou au travers de walking bass d’anthologie, dans lesquels la beauté des graves fait merveille.
Yvan Oukrid, quant à lui, ne se contente pas d’enchaîner des rythmiques métronomiques, il invente comme à chaque fois des manières nouvelles de solliciter l’inspiration des autres musiciens voire de la susciter avec cette qualité de frappe et ces polyrythmies complexes qui sont la marque de son talent.
A propos de Vincent Périer, j’avais évoqué ici, des références de musiciens célèbres, pour essayer de décrire ce qui me touche particulièrement dans sa façon d’aborder l’expression musicale.
La chronique a pour objectif de décrire l’instant et la juxtaposition des chroniques donne une idée du temps qui passe et de l’évolution. Et ce soir, l’instant fut brillant, émouvant et pour tout dire enthousiasmant. Les références se font moins prégnantes, et c’est sa propre voix, seule, que Vincent Périer nous donne à entendre.
Nous avons retrouvé toutes les qualités, que nous décelions chez lui dès les premières écoutes, qui font que sa production, comme musicien, nous touche. Il joue une musique qui s’enracine dans le bop, avec cette apparente décontraction que l’on trouvait dans un style de jazz précédent, sans pour autant rejeter la modernité tout en recherchant des pistes nouvelles au gré de croisements avec d’autres styles de musique. Ce soir nous avons retrouvé chez lui toutes ces qualités, mais comme sublimées, transcendées par on ne sait quelle flamme intérieure. C’est comme une voix nouvelle qui jaillit au travers d’une palette sonore élargie, dont la puissance ne tient pas au volume mais au niveau de conscience de sa propre valeur. On retrouve également la qualité de l’expression et cette faculté évidente et naturelle à transmettre les émotions, mais comme dotées toutes deux d’une énergie nouvelle.
Jazz-Rhône-Alpes.com, newsletter n°428, lundi 10 juin 2013.